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Enquête Certificat de vaccination COVID : objet d'un trafic sur les réseaux sociaux

Publié Mis à jour
Durée de la vidéo : 3 min
Œil du 20 heures
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Article rédigé par L'Oeil du 20 heures
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En cette période de départs en vacances, le certificat de vaccination contre le COVID-19 est souvent le document exigé pour partir à l’étranger. Ajourd’hui, il fait l'objet d'un trafic sur les réseaux sociaux. L’Oeil du 20 heures vous embarque au pays des faussaires.

Sur les réseaux sociaux, après quelques recherches, nous parvenons à les trouver. Des comptes anomymes proposent de faux certificats de vaccin. C’est illégal.

Nous contactons une dizaine de personnes. Et quelques clics plus tard, nous recevons cette proposition : “Je fais une attestation à 150 euros, je peux vous faire le deuxième à moins 50 %". Devant nos nombreuses interrogations, le vendeur accepte de nous contacter par téléphone. Il nous confirme les informations qui lui sont nécessaires pour établir le certificat : “Nom, prénom, date de naissance, adresse". Ajoutant que le réglement devra se faire via le service de paiement en ligne Paypal : “Par Paypal c’est anonyme, beaucoup plus sécurisé que par la banque”. 

Le faussaire accepte de nous envoyer une photo du certificat de vaccination avant d’être payé. Nous ne donnerons évidemment pas suite.

Ces gens-là sont des criminels, il n’y a pas d’autre mot.

Frédéric Leyret

Dates des injections, cachet du groupe hospitalier de Strasbourg… Le document est convaincant. Nous sommes allés le présenter au directeur de l'établissment. Tout de suite, certaines erreurs attirent son attention : “Le  numéro de lot n'est pas le bon, il n'y a pas la signature. C’est du bricolage, du photoshop. Ils ont dû prendre un vrai certificat et modifier le nom. C’est écoeurant parce que derrière, il y a des gens qui vont faire croire qu’ils sont protégés et qu’ils protègent les autres. Ces gens-là sont des criminels, il n’y a pas d’autre mot”. 

L’hôpital affirme vouloir porter plainte pour falsification de documents médicaux. 

Il n’y a pas de remise en main propre. Cela évite de tomber sur un officier de police judiciaire. Tout se fait à distance.

Un faussaire

Au cours de notre enquête, nous recevons cette autre proposition : un faussaire délivrerait des attestations de vaccination avec QR code, émis par l’assurance maladie, mais sans passer par la case vaccin. Il jouirait même de la complicité d’un professionnel de santé. Le vendeur accepte lui-aussi de nous parler  : "Je suis un intermédiaire. Un professionnel de santé, il ne peut pas se permettre de vendre ce genre de choses. C’est risqué. C’est pour ça qu’il n’y a pas de remise en main propre. Cela évite de tomber sur un officier de police judiciaire. Tout se fait à distance"

Deux cents euros l’attestation. Nous déclinerons l’offre. Mais ce que l’on nous propose est bel et bien réalisable. Après avoir vacciné un patient, le professionnel de santé en informe l’assurance maladie en se connectant à un logiciel baptisé "Vaccin Covid". Celui-ci assure la traçabilité de la vaccination.

Renaud Nadjahi, pharmacien à Rambouillet et vice-président de l'Union des Syndicats de Pharmaciens d'Officine en sait quelque chose : “Nous avons la carte de professionnel de santé, ça nous ouvre les droits de façon sécurisée… Si je dois entrer dans ce schéma de bandit, je peux rentrer dans l’outil et certifier que vous avez été vaccinée." 

Renaud Nadjahi reconnait d'ailleurs avoir été confronté à des demandes de faux certificats de vaccination : "J’ai été approché à plusieurs reprises par des personnes qui m’ont demandé si je pouvais vacciner l’évier. C’est à dire balancer la dose de seringue dans l’évier et de leur faire un certificat de vaccination. Oser demander ça à un professionnel de santé, c’est quelque chose que l’on doit condamner fortement”. 

Contacté, lministère des Solidarités et de la Santé rappelle que ces fraudes exposent le professionnel soignant à des sanctions pénales ainsi qu’à une radiation. Les faussaires et les acheteurs encourent trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.

Parmi nos sources 

Sanctions encourues en cas de délit de faux et usage de faux : Article 441-1 du Code pénal

Le pass sanitaire européen entré en vigueur le 1er juillet 2021

Ministère des Solidarités et de la Santé

Ministère de l'Intérieur

Réseaux sociaux 

(Liste non exhaustive)

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